Premier jour de rentrée au pensionnat de Winchester - dans un réfectoire d'un style classique une estrade avait été installée dans le fond. Une cinquantaine de chaises étaient placées juste en face. Dans quelques instants les élèves et leurs parents allaient prendre place sur ces chaises. Sir Whale, le directeur du pensionnat avait préparé son discours pendant plusieurs heures. Le pensionnat de Winchester avait une image de marque qu'il ne fallait pas ternir. Le hasard n'avait pas sa place dans cet établissement où discipline, rigueur et travail acharné étaient les maitres-mots. Depuis maintenant deux siècles le pensionnat était ouvert aux jeunes adolescents de quinze à dix-huit ans, et depuis maintenant vingt ans le taux à l'examen final, reconnu dans tout le pays était de cent pour cent. La renommée du pensionnat avait gagné chaque individu dans tout le pays et le pensionnat recevait chaque année des centaines et des centaines de demandes d'admission, malgré une scolarité mensuelle très chère.

A présent les parents et les élèves entraient dans le pensionnat, accueillis par les deux surveillants généraux. Ceux-ci les invitèrent à prendre place dans le réfectoire. Certains élèves avaient l'air enchanté d'étudier dans un tel établissement, d'autres au contraire, forcés par leurs parents montraient qu'ils n'en avaient rien à faire et menaçaient de mener la fin impossible aux membres du personnel.

Ils furent rejoints quelques minutes après par les professeurs au complet et le directeur. Le surveillant général des garçons, Monsieur Rousseau prit la parole.

"Pour l'arrivée de Monsieur le Directeur je vais vous demander de vous lever !"

Les raclements de chaises raisonnèrent dans la salle. Mr. Rousseau corrigera ce petit problème plus tard, pour le moment il n'avait pas encore les élèves en main. Le directeur se dirigea vers le piédestal en bois verni.

"Veuillez vous asseoir", déclara le directeur d'un air sombre.

Aussitôt, parents et enfants s'exécutèrent pendant que le surveillant général se dirigeait vers la porte principale pour la fermer. Il portait son regard sur chaque élève qui osait troubler le silence de cette salle, et se promettait de lui donner une punition digne de ce nom.

"Le corps professoral et moi-même sommes honorés de la confiance que vous, parents, vous avez placé en nous pour corriger, développer, normaliser l'instruction de vos enfants afin qu'ils obtiennent l'examen final de Winchester qui leur ouvrira de nombreux accès sur leur vie future. Sachez que ce sera dur, très dur... sachez qu'ici le moindre écart de conduite entrainera une sanction immédiate, et sachez que désormais ce ne sont plus vos enfants, ce sont nos enfants !"

Il balaya le regard d'un air sévère. Les quelques rebelles du pensionnat allaient bientôt se plier à la discipline de fer, le directeur en était convaincu.

"Ici leur seront inculqués les règles qui visiblement manquent encore à leur éducation. Avant de terminer, je veux énoncer ici, devant vos parents la devise du pensionnat : Travail acharné, rigueur et discipline stricte aideront à décrocher l'examen final. Je vous remercie."

Monsieur Rousseau invita alors parents et élèves à sortir pour se rendre dans la cour de récréation du pensionnat et pour se dire au revoir. A compter de ce jour les élèves ne pourront revoir leurs parents qu'aux vacances de Noël.