Sir Horace Whale était assis à son bureau directorial. Il avait ses lunettes au bout du nez et consultait des dossiers éparpillés sur le bureau. En vérité il attendait une personne, et pour changer cette fois-ci ce n'était pas un élève qui avait dépassé les bornes mais le surveillant général. Le directeur du pensionnat de Winchester avait quelque chose à lui dire. Bien qu'il appréciait Donald Draper, il n'en était pas moins le responsable de cet établissement, et en tant que responsable il avait des comptes à rendre. La haute autorité de Winchester, composée de tous les doyens était plus que redoutable et ne tolérait aucun débordement. Il en dépendait de la carrière de Sir Horace.

TOC TOC

Deux coups rapides furent tapés contre la porte. Sir Horace enleva ses lunettes et observa l'entrée de son bureau d'un air noble et confiant.

- Entrez monsieur Draper.

Il attendit que le surveillant général des garçons, qui avait succédé rapidement à monsieur Rousseau entre et se présente devant le vieil homme qui inclina la tête en guise de salut.

- Asseyez-vous, je vous pris monsieur le surveillant général, je suis à vous dans deux minutes.

Il remit ses lunettes et termina ce qu'il était en train d'écrire. Deux minutes plus tard il rangea ses fiches, enleva une nouvelle fois ses lunettes qu'il garda au bout des doigts et se leva. Il se dirigea vers un meuble fermé à clé qu'il ouvrit. Il en tira un dossier et revint s'asseoir.

- Voici le dossier de monsieur William Marshall, notre plus grande fierté à Winchester, monsieur le surveillant général. Figurez-vous qu'il y a quelques heures, monsieur Marshall a eut un écart de conduite que je n'accepterais pas bien sur... Cependant, ce qui me surprend dans tout cela c'est que vous ayez administré un coup de poing sur l'arcade sourcilière de ce jeune homme. Qu'avez vous à répondre pour votre défense ?

Sir Horace joignit les mains et posa un regard neutre sur son surveillant général. Même s'il appréciait l'homme qu'il était, de telles bavures étaient inconcevables dans son établissement et risquait de couter le poste de Don Draper.

Sir Horace écouta les arguments du surveillant général. Il était vrai que cette histoire était bien étrange. Lorsque Donald eut terminé, Horace se leva. Il n'aimait pas tellement être appelé par son prénom et préférait des termes plus respectueux du style "Monsieur le Directeur" et espérait que Don manifesterait plus de hiérarchie. D'ailleurs le directeur qui s'était levé s'avança vers le surveillant, lui prit la cigarette et la jeta par la fenêtre.

- Évitez de fumer ici, Monsieur le Surveillant Général. Vous risquez d'abimer les tableaux.

Il montra d'un signe de tête les trente tableaux entassés sur le mur à sa droite, qui représentaient tous les (sinistres) anciens directeurs du pensionnat de Winchester.

Sir Horace retourna alors s'asseoir à son bureau et sortit du dossier de William une fiche qu'il tendit au surveillant général.

- Voici le rapport de l'infirmier du pensionnat. William Marshall a eut l'arcade sourcilière fendue par un violent coup de poing, et ça m'étonnerait que notre Jeff Carter ait une force suffisante pour porter un tel coup. J'ai pu l'observer de nombreuses fois et son ossature est plutôt fragile.

Voyant que le surveillant général voulait parler, Sir Horace leva la main.

- Silence Draper ! Écoutez-moi. Vous êtes ici dans un pensionnat mondialement reconnu. Chacun de nos geste est minutieusement surveillé et si la presse s'en mêle je vous laisse imaginer le scandale qui pourrait éclabousser notre vénérable institut. Les doyens de Winchester ne nous le pardonneraient pas et nos carrières se termineraient nette.

Il remit ses lunettes sur le bout du nez et observa son surveillant général d'un air grave.

- Si Monsieur Marshall vient à apprendre l'état de son fils, je vous garantis que ça vous couterait très cher. De plus je connais personnellement William et je sais que ce n'est pas un menteur. Aussi, pour cette fois-ci, je vous demande de retirer les deux punitions données, et ce n'est pas négociable, Monsieur le Surveillant Général. Je pense que ce serait la meilleure conclusion à apporter à cette... "malencontreuse" péripétie. J'espère que je me suis bien fais comprendre.

Il déchira alors en quatre le rapport écrit par Don dans le dossier et referma d'un coup sec le dossier de William Marshall puis se leva pour le ranger. Le vieil homme, d'habitude si chaleureux avec son personnel, avait du sévir. Il connaissait assez bien Don et venait de lui faire comprendre que la prochaine bavure et ce serait directement son remerciement pour rappeler Rousseau.

- Et sinon comment se porte la discipline en général au pensionnat, monsieur le surveillant général ?

Le ton était redevenu courtois. Le directeur rangea la clé dans son gilet et revint prendre place derrière son bureau.

Sir Horace ferma les yeux. En cet instant il avait l'air si vieux, si fragile. Trente années au pensionnat de Winchester avait épuisées cet homme qui visiblement n'aspirait qu'à une chose : prendre une retraite paisible. Cependant il ne laissait rien paraitre et se contenta de répondre d'un ton sec.

- Monsieur le surveillant général, ma décision a été prise. Inutile de discuter, je ne reviendrais pas en arrière. Je vous ai choisis parce que vous me sembliez être quelqu'un qui savait garder la tête sur les épaules. Je vous rappelle que le professeur Valois est partit en dépression l'année dernière et que nous avons du faire appel à monsieur Johnson pour cette année. Je ne tolérerais AUCUN débordement de situation. Vous devez vous contrôler et rester calme en toutes circonstances.

Ses yeux usés se posèrent sur ses longs doigts.

- Nous devons certes punir et sévir, mais nous devons également remettre des bons points et favoriser les élèves brillants, ils sont la clé de cet établissement. Nous n'avons pas la même conception de l'éducation, monsieur, voila pourquoi vous n'êtes que le surveillant général et que je suis le directeur de ce pensionnat. Comme je viens de le dire, vous lèverez ces deux punitions, et pour ne pas perdre de crédit vous ferez simplement semblant de les oublier. Ils vivront avec la perpétuelle crainte de recevoir votre papier rose, qu'ils n'auront jamais.

Sir Horace Whale, bien que fatigué, restait tout de même aussi têtu qu'une vieille mule du Pérou.

- Bien passons cette histoire. Comme je vous l'ai dis ce dossier est clos, passons à la suite si vous le voulez bien, je n'ai pas que ça à faire. Comment est l'ambiance au sein des dortoirs des garçons ? Pas de bagarres, pas de clans, pas de relations interdites ?

Horace entendait par "relations interdites" toutes celles qui étaient, selon son jugement "contre nature", à savoir les relations homosexuelles. De telles relations n'étaient pas envisageables dans un établissement comme celui-ci où tradition, discipline et travail acharné étaient les maitres mots pour réussir sa scolarité et le diplôme de Winchester qui leur ouvrirait toutes les plus grandes portes.

Voyant que son surveillant général était bougon, Sir Horace donna une forte tape sur son bureau.

- Maintenant ça suffit Donald ! C'est encore moi qui commande dans cet établissement, et lorsque j'ordonne quelque chose je veux que ce soit exécuté dans les minutes qui suivent, et sans rechigner. Si vous n'êtes pas heureux ici, la porte vous est grande ouverte. J'espère que je me suis bien fait comprendre.

D'un regard sévère il eut un hochement de tête. C'était le signe que le surveillant général pouvait continuer et qu'il valait mieux pour lui ne pas outrepasser ses droits. Sir Horace était un homme fort têtu, qui avait ses idées et qui n'aimait pas être contredis, surtout par ses employés.

Pour l'instant comme je vous l'ai dit, je leur fais peur. Ils ont une image de moi bien défini, ls parents ont du me présenter comme un des anciens inspecteurs de la ville de Winchester, et certains savent que j'ai du tirer sur une personne, je pense que ca peut freiner certains élèves. Après je n'ai pas vu de bagarre, il faut dire par contre que des clans se forment, nous voyons ceux qui travaillent ensemble, ceux qui font du sport ensemble, ceux qui prefere faire les pitres ensembles ... peut etre il faudrait penser a separer le dortoire en plusieurs dortoires et faire des roulements de chambres.

Sir Horace prit une feuille de papier et nota quelques mots tout en écoutant attentivement le surveillant général des garçons.

- Très bien je veux qu'à partir de maintenant ce soit vous qui organisiez les groupes de travail du soir. Pour le moment nous n'avons pas encore fait d'examens, nous ne savons donc pas ce que valent nos nouveaux élèves, nous allons donc resté sur le plan de travail traditionnel.

Le surveillant parla ensuite de Edward Johnson; le nouveau professeur d'histoire et de géographie.

- Johnson a mon entière confiance pour le moment. Il m'a apporté d'excellentes références et il a passé son agrégation d'histoire avec succès du premier coup. Le temps me dira si j'ai eu raison de l'engager, espérons qu'il ne finisse cependant pas comme monsieur Valois.

Il soupira et se leva. Il sortit deux tasses anciennes d'un tiroir et saisit la vieille cafetière pour servir deux cafés. Il donna une tasse à Donald et garda l'autre pour lui.

- Du sucre ?

Le directeur poussa la boite en direction de Don et se servit à son tour trois morceaux de sucre.

- Où en sommes-nous des autorisations de sortie pour ce week-end ? Avez-vous déjà eu des demandes à me transmettre ?

Il remua son café et posa sa cuillère sur la soucoupe en attendant une réponse de Don.

Sir Horace enleva temporairement ses lunettes et sembla réfléchir. Ils n'avaient jamais organisé des examens aussi tôt dans l'année et cette idée ne lui plaisait pas tellement. Tradition, tradition et tradition. Sir Horace ne vivait que pour les traditions et l'innovation n'était pas un mot qu'il employait dans son vocabulaire courant.

- Attentons les premières sessions d'examen en décembre. Nous n'avons pas le temps d'en organiser pour le moment. Je vous demanderais donc de vous renseigner auprès de vos collègues enseignants des notes que reçoivent les garçons lorsqu'ils rendent des devoirs ou font des exposés oraux. Soyez constamment derrière ceux qui ne suivent pas et félicitez ceux qui font des efforts. Il n'est pas question, de présenter à l'examen, des élèves dont nous aurions à rougir !

Il remit ses lunettes et continua à prendre des notes sur sa feuille de papier.

Oui, je suis persuadé qu'Edward sera un très bon professeur, de ce que j'ai pu entendre de ses cours, il est très captivant. Je pense qu'avec un professeur de son standing, la plus mauvaise note en histoire serait de 16, et encore pour le plus mauvais de nos élèves.

Sir Horace posa sa plume et tira un nouveau dossier. Il l'ouvrit et posa une fiche devant le surveillant général des garçons.

- Détrompez vous, monsieur le surveillant général. Voici le relevé de notes des premiers devoirs d'histoire et de géographie. Les notes vont de 2 à 14, le 14 étant bien entendu celui de monsieur Marshall. Inutile de vous préciser que la moyenne est de... 7 !

Il referma son dossier.

- C'est immédiatement qu'ils doivent se mettre au travail ! Chaque soirée compte. Pour le moment ils ont encore le temps de se détendre, mais si je vois que les notes restent à ce niveau il faudra le faire réviser le matin avant les cours, pendant les repas, pendant la douche et le soir très tard.

Don Draper expliqua ensuite, concernant les demandes d'autorisation de sortie, qu'il n'en avait reçut aucune. Tiens, tiens bizarre.

- Vous êtes sûr qu'ils n'ont pas trouvé le moyen de sortir sans que vous vous en rendiez compte ? J'ai entendu dire que beaucoup étaient attirés par le pub de Winchester qui leur fournirait pas mal de substances dangereuses. Je n'ai pas encore de preuves pour y envoyer Scotland Yard, mais ça ne serait tarder...

Pensez vous qu'il y aurait des raisons de refuser des sorties professeur?

Sir Horace adressa un sourire mauvais au surveillant général.

- Oh que oui. Vous allez les refuser toutes sans exceptions; du moins jusqu'à ce que je retrouve un pensionnat calme, avec des élèves travailleurs et à cheval sur la discipline. Puisque certains élèves se permettent de venir reprendre leur téléphone dans mon propre bureau, en pensant que je ne serais pas au courant du vol... Ils veulent une épreuve de force, ils l'auront !

Très bien Monsieur le Directeur, je vais demander à ce que chaque professeur me fasse un compte rendu de leur cours, avec ce qu'ils ont vu comme matière pour connaitre leur avancé, mais aussi les élèves qui ont été pertubateurs, ceux qui se sont bien comporté, ceux qui ont participé, ceux qui ont eu de bonnes notes, et ceux qui ont eu de mauvaises notes. Au moins chaque soir je ferais moi même une analyse des résultats, ainsi qu'une synthése, et si vous le désirez, au repas du soir vous pourrez distribuer des félicitations, ou alors mettre en garde les élèves. J'ose esperer que pour les plus téméraires, avoir des reproches, et donc etre une honte devant tout le monde pourra être bénéfique. Il faut un travail dur et acharné, sans jamais le moindre relachement, et comme vous me l'avez demandé Sir Horace, je serais toujours derrière eux, tapis dans l'ombre.

Don inspira ensuite de mécontentement.

Une moyenne de 7 ???? Mais comment est ce possible Monsieur le Directeur? Il faut a tout prix remettre les pendules a l'heure. Que diriez vous d'une convocation de tout les pensionnaires, et une annonce comme quoi, avec de telles notes les sorties sont suspendus pour tout le monde. Ainsi tout le monde est pénalisé, les meilleurs boostent les plus faibles, ils essayent de les faire étudier, et ce sera bénéfique en plus du travail que nous allons leur faire faire. Et dimanche au lieu d'etre en sortie, tout les pensionnaires seraient convoqués dans la salle d'étude - que je surveillerais - et ne pourra la quitter qu'après connaitre leur lecon par coeur, a la virgule pret, et en ayant fait tout les devoirs donnés par les professeurs. D'ailleurs j'insiste pour ce que les professeurs en donnent en suppléments, car la charge de travail est faible professeur. Ils ne passent qu'une demi heure a étudier, ce n'est pas normal.

Le surveillant fronca légérement les sourcils

Impossible de sortir de cet établissement Monsieur le Directeur. Le portail que vous avez fait installé ne peut s'ouvrir qu'avec deux télécomandes, la votre et la mienne - qui est toujours sur moi - et les murs de cet établissement sont trop haut. Les éscalader signifieraient avoir les deux jambes cassés en retombant. A part si les élèves ont creusé un tunnel, je ne vois pas comment ils pourraient sortir. (hj :sauf si c'est les Maraudeurs ^^)

Donald eut un petit sourire en coin, et se mit bien au fond de son siège

Souvenez vous Monsieur le Directeur, qui était surveillant a cette époque? Arthur Rousseau. Je ne serais pas surpris de savoir que c'est lui même qui a dérobé le téléphone pour le rendre a son propriétaire. En tout cas je vous suis sur cet ordre là. Je refuserais toutes les demandes de sorties, et j'envisage de prévoir une journée d'étude comme je vous en ai parlé tout a l'heure, et comme punition - car je sais que je vais devoir en donner - je me souviens d'une ancienne pratique de l'armée ... sauf qu'on recevait des coups de fouets, et je ne suis pas certains que ca vous plaise

Le surveillant eut un petit rire.

Sir Horace afficha une mine satisfaite.

- Ça signifie que mon nouveau professeur d'histoire et de géographie est, certes, plutôt amical, mais qu'il note aussi sévèrement que les examinateurs du diplôme de fin d'année. Nos élèves savent donc à qui s'attendre s'ils ne travaillent pas plus, ce que bien sur, je - nous ne laisserons pas faire.

Il prit ensuite sa tasse de thé et but une nouvelle gorgée, avec majestuosité et finesse. C'était la parfaite class britannique.

- Je ne pense pas que les écraser de travail soit le bon moyen. Il faut au contraire leur en donner moyennement, mais ce qu'il faut faire c'est leur apprendre à travailler. On peut réussir avec peu et échouer avec beaucoup, n'oubliez jamais ceci dans votre futur mon cher Don. Lorsque vous aurez l'expérience que j'ai, vous verrez que j'aurais raison.

Il agita la tête et posa sa tasse à café sur la soucoupe ébréchée.

Impossible de sortir de cet établissement Monsieur le Directeur. Le portail que vous avez fait installé ne peut s'ouvrir qu'avec deux télécomandes, la votre et la mienne - qui est toujours sur moi - et les murs de cet établissement sont trop haut. Les éscalader signifieraient avoir les deux jambes cassés en retombant. A part si les élèves ont creusé un tunnel, je ne vois pas comment ils pourraient sortir.

Sir Horace ouvrit grand les yeux. Par Saturne, son surveillant général avait-il bu quelques verres de vodka en cachette ? Le pensionnat avait été fondé il y a plus de cent ans et n'avait quasiment jamais bougé. La simple idée qu'un grand portail... électrique puisse interdire l'accès au pensionnat mettait Sir Horace furieux. Et si quelqu'un avait osé faire ce changement sans le prévenir ? Par précaution le directeur se leva et fixa le portail centenaire. Celui-ci, mangé par la rouille était toujours là, fermé par des chaines et un cadenas. Le directeur, soulagé, se tourna vers son surveillant.

- Je ne sais pas où vous avez vu un portail électrique Don... en tout cas je vous promets que ce genre d'objet n'entrera pas dans mon établissement. Je n'ai pas instauré les bons points sur papier buvard pour introduire la haute technologie ici.

Il posa néanmoins un regard inquiet sur son surveillant général, et se demanda si, par inadvertance, il n'avait pas rajouté quelques gouttes du bourbon qu'il cachait dans son placard, dans le café de ce cher surveillant.

- Vous êtes sûr que ça va Don ? Vous m'avez l'air surmené.

Souvenez vous Monsieur le Directeur, qui était surveillant a cette époque? Arthur Rousseau. Je ne serais pas surpris de savoir que c'est lui même qui a dérobé le téléphone pour le rendre a son propriétaire.

Sir Horace se rassit derrière son bureau.

- Non, non. Cette jeune demoiselle m'a dérobé l'objet cette nuit, Rousseau est partit depuis quelques jours maintenant. Et puis même si son autorité était contestait, c'était un jeune homme très sympathique qui avait toute ma confiance.

Il passa machinalement sa main sur son menton et fixa Donald.

- Je pense que vous devriez apprendre à mademoiselle Fox ce que l'on réserve... aux voleurs. Qu'en dites-vous ?

Sir Horace passa ses mains ridées sur son visage.

- Il est hors de question que je surcharge de travail mes enseignants qui ont déjà de très nombreuses taches. Les révisions commenceront vraiment à partir du mois de juin. Les cours s'arrêteront et vous les ferez réviser matin, midi, après-midi et même soir s'il le faut. En fait... il y aura tellement de révisions qu'ils ne seront plus quand ils n'auront pas révision.

Sir Horace se leva et se dirigea vers le vieux poêle. Il prit une boite d'allumettes, en sortit une et la plongea dans le poêle centenaire.

- Il faudrait m'appeler le réparateur, il ne fonctionne plus comme il faut... Quand aux méthodes ne vous en faites pas, elles viendront en temps et en heure. Je dirige ce pensionnat depuis dix ans, mais ça fait trente ans que je suis dans l'enseignement et j'ai déjà dressé des élèves bien plus coriaces que ceux à qui nous avons à faire.

Je vais très bien Monsieur le Directeur, mais comme je parlais beaucoup, je voulais m'assurer de savoir que vous avez bien suivi tout ce que je vous ai dit. Je ne voulais pas que votre vigilance retombe lorsque je parlais, et je vois que vous avez bien tout suivi ce que je vous ai dis. Mais c'est vrai que certains élèves me font faire des nuits blanches, heureusement que je n'ai besoin que de très peu de sommeil, parce que sinon ils auraient pu faire leur lois. Après vous savez, j'ai fais l'armée, j'ai été inspecteur de police, j'ai souvent du faire des semaines sans dormir enormement pour suivre en fillature un meurtrier ou un énergumène dans le genre.

Sir Horace observa son surveillant général d'un air louche.

- Vous pensez que je suis en train de vieillir, Donald ? Et bien vous verrez lequel de nous deux craquera en premier. Vous savez, des surveillants généraux j'en ai vu une cinquantaine défiler à votre place, et à mon avis je serais encore ici lorsque vous prendrez votre retraite. Vous souhaitez encore du café, Don ?

Il porta la cafetière sur son bureau et se rassit dans le fauteuil directorial.

- Je sais tout ça, mon ami. J'ai lu votre dossier avant de vous engager, et c'est justement parce que vous avez servit dans la police que je vous ai prit pour remplacer monsieur Rousseau.

Il se servit une tasse de café pendant que le surveillant lui demandait ce qu'il souhaitait comme punition.

- Et bien ça aurait été un jeune garçon, pour un vol je vous aurai demandé de lui baisser la culotte et de lui administrer quelques bons coups de battes de basse-ball dans le derrière. Mais vu que c'est une demoiselle, je vous fais confiance pour choisir les travaux les plus humiliants qui existe dans ce pensionnat.

Il eut un sourire mauvais et but une gorgée de son café, en faisant attention de ne pas en renverser sur sa belle chemise de coton rayée vert et blanc.